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Améliorer le dépistage du Cancer du col de l’utérus grâce à l’action combinée d’un test HPV et de l’Intelligence Artificielle
En bref
Le Cancer du col est une urgence humanitaire, plus de 90% des décès liés à cette maladie ont lieu dans les LMIC (pays à revenus faibles ou intermédiaires). Un dépistage précoce permet d’éradiquer les lésions pré-cancéreuses de manière très simple. La Fondation MSF en collaboration avec MSF et Epicentre a rejoint un consortium international dédié à l’amélioration du dépistage du cancer du col. Mené par le NCI (National Cancer Institute) aux Etats-Unis, ce consortium mène une large étude sur plus de 100.000 femmes pour évaluer une nouvelle approche du dépistage du Cancer du col : l’étude PAVE (Human Papillomavirus and Automated Visual Evaluation).
Cette nouvelle approche combine d’une part l’identification des femmes infectées par une souche de Human Papilloma Virus (HPV) à haut risque d’évoluer en cancer et d’autre part, parmi ces femmes HPV à haut risque, l’identification avec le soutien de l’IA de celles présentant des lésions pré-cancéreuses pouvant être traitées sur place et ainsi plus rapidement.
C’est au Malawi que La Fondation MSF et ses partenaires mèneront cette étude clinique -après validation du conseil d'éthique de MSF et des autorités malawites- au sein du programme MSF de prise en charge des femmes atteintes de Cancer du col de l’utérus à l’hôpital Queen Elizabeth et du programme de dépistage dans les centres de santé de Blantyre.
Où en est le projet ?
Actualités du projet
En détail
Le Cancer du col : une urgence humanitaire
95% des cancers du col de l’utérus sont causés par une infection persistante à certaines souches de papillomavirus dites à haut risques et présentes dans le monde entier. Cette infection va, chez certaines femmes, causer des lésions pré-cancéreuses qui se résorbent sans traitement spécifique ou se développeront en cancer au bout de plusieurs années.
La réponse pour éviter le développement du cancer du col de l’utérus est connue, elle passe par :
- la vaccination des jeunes filles pour les protéger d’une infection par ces souches à haut risques
- le dépistage régulier et le traitement de lésions précancéreuses.
De nombreuses raisons expliquent la terrible inégalité dans les LMIC et contextes précaires pour les femmes atteintes de cancer (accès à la prévention est trop faible, diagnostic est trop tardif, traitement difficile de cancers détectés à ces stades tardifs).
Les équipes MSF ont pu le constater au Malawi : plus de 4000 femmes sont atteintes chaque année du Cancer du col de l’utérus, et près de 3000 femmes en meurent (wcrf.org .2020). C’est probablement l’un des pays avec le plus grand nombre de cas de Cancer du col de l'utérus.
En 2018, MSF a ouvert un programme sur la prise en charge de patientes touchées par le Cancer du col de l'utérus dans le district de Blantyre. Les activités vont du dépistage, au traitement des lésions précancéreuses et des lésions cancéreuses précoces en passant par la chirurgie spécialisée et les soins palliatifs pour les patients atteints d'un cancer à un stade avancé. Les équipes travaillent au sein de l'hôpital central Queen Elizabeth de Blantyre. Elles soutiennent également plusieurs centres de santé du district et organisent des sessions de sensibilisation communautaire.
Le consortium et l’étude Pave
Depuis quelques années, des équipes de recherche travaillent en réseau à l’échelle internationale pour développer des technologies permettant de diminuer le coût du dépistage et d’améliorer sa performance.
Ce Consortium international mené par le National Cancer Institute aux États-Unis regroupe une dizaine d'institutions dont La Fondation MSF et MSF pour évaluer une nouvelle approche du dépistage du Cancer du col.
Les résultats exploratoires sont très positifs et doivent maintenant être confirmés par une étude clinique prospective muti-centrique.
L’étude du consortium va permettre de tester et valider les performances combinées
- d’un test de détection d’HPV à haut risque
- d’un outil algorithme d’intelligence artificielle pour aider les infirmières à détecter et caractériser les lésions pré-cancéreuses au niveau du cervix lors d’un VIA.
Ce consortium est un exemple unique de collaboration internationale visant à mettre en place un véritable changement de pratiques médicales et créer un outil open-source mobilisant l’intelligence artificielle. Cette vaste étude d’une ampleur rarement égalée, dans son nombre comme dans sa diversité au sein des LMIC, permettra de valider ce nouveau protocole et changera radicalement l’accès aux soins de milliers de femmes aujourd’hui oubliées dans la lutte contre ce cancer.
Le rôle de La Fondation MSF
Le rôle de la Fondation MSF est de soutenir les opérations de MSF dans l'amélioration des normes de soins, d'évaluer quelles technologies peuvent contribuer, de manière assez "simple" et directe, aux pratiques médicales dans des environnements vulnérables, et de les ramener et les adapter à nos domaines. Ainsi, nous recherchions de nouveaux moyens de permettre une meilleure détection des femmes présentant des lésions précancéreuses. C'est ainsi que La Fondation MSF est entrée en contact avec le NCI après qu'il ait publié un article mettant en évidence le potentiel de l'intelligence artificielle dans l'analyse des photos de l'IVA.
Depuis, La Fondation MSF travaille quotidiennement à la mise en place et à la coordination de ce projet unique en son genre avec de multiples partenaires, en nous appuyant sur les meilleures ressources disponibles en interne et en externe. Il s'agit d'organiser l'intégration du projet de dépistage de MSF au Malawi au sein de l'étude, de collaborer pour établir des objectifs spécifiques pertinents pour MSF Malawi et d'autres LMICs, de s'appuyer sur l'expertise d'Epicentre sur l'étude, la motivation et la connaissance du personnel de terrain sur le contexte, l'expert médical de MSF.
C'est au Malawi, au cœur du programme MSF l'étude clinique a lancé sur près de 10 000 femmes.
Il s'agira notamment d'évaluer, au sein de la sous-population des femmes vivant avec le VIH (un fléau majeur au Malawi), la performance du traitement actuel des lésions précancéreuses. Cette analyse permettra de confirmer que le traitement proposé peut éradiquer définitivement ces lésions et prévenir leur évolution vers le cancer.
Les perspectives et résultats attendus
Si les performances sont celles attendues, ce nouveau protocole améliorera considérablement le dépistage précoce du Cancer du col en:
- Rendant accessible le dépistage systématique par test HPV des souches à risque de l’HPV (le dépistage HPV est la méthode la plus fiable pour identifier les femmes susceptibles de développer un cancer mais le matériel actuel nécessite aujourd’hui trop de ressources en temps et argent pour être exploitable à grande échelle). Cette nouvelle technologie divisera par 2 les coûts et par 10 le temps en centrant l’analyse sur les souches à haut risque.
- Améliorant le dépistage des lésions pré-cancéreuses lors de l’examen du col de l’utérus. Ce test visuel est aujourd’hui très pratiqué car facile à mettre en place mais peu performant et opérateur dépendant. L’intelligence artificielle a d’excellentes performance sur des examens visuels
- Validant l’usage d’un outil open source d’aide au diagnostic à base d’intelligence artificielle pour améliorer la détection et la caractérisation des lésions pré-cancéreuses.