"Grâce à Antibiogo, n’importe quel technicien de laboratoire en microbiologie, partout dans le monde, va pouvoir lire et interpréter, directement sur son téléphone, un antibiogramme et savoir quel est le profil de résistance des bactéries responsables de l’infection des patients. Bien utilisé, il s’agit d’un fantastique nouvel outil de diagnostic qui aidera à assurer un plus large accès à des tests bactériologiques de qualité même en l’absence de microbiologistes. Cela permettra non seulement de traiter les patients avec les antibiotiques les plus adaptés mais aussi de réduire la résistance aux antibiotiques", explique Nada Malou, responsable du programme Antibiogo.
Par ailleurs, la grande majorité des tests diagnostics sont développés dans les pays riches dans une logique de marché, puis une fois rentabilisés, mis à disposition des pays à ressources limitées sans prendre en compte la spécificité de leurs contextes. “Antibiogo a ceci d’innovant qu’elle est née dans les pays à ressources limitées, a été développée avec les utilisateurs de ces pays, et a été testée dans les populations qui vont en bénéficier . Le modèle de développement de ce dispositif médical est l’inverse de celui que l’on connaît habituellement, et répond à de réels besoins observés dans les pays à ressources limitées ”, poursuit Nada Malou.
Dans les pays riches, la prescription d’antibiotiques est facilitée par l’utilisation d’automates pour la lecture et l’interprétation des antibiogrammes, et par l’expertise de microbiologistes. Mais dans les pays à ressources limitées, dépourvus de ces équipements onéreux et de microbiologistes cliniques en nombre suffisant, l’identification de l’antibiorésistance est bien plus compliquée voir souvent absente.
Antibiogo est ainsi basé sur le traitement d'images, une technologie d'intelligence artificielle et un système expert existant. En pratique, l’application permet aux techniciens de laboratoire de mesurer les diamètres d’inhibition qu’on retrouve sur les antibiogrammes puis à en interpréter les résultats, sans forcément avoir une expertise en microbiologie, pourtant nécessaire jusqu’ alors.
En situation, les résultats montrent un très haut niveau de concordance, allant de 90 à 98% en fonction des bactéries, lorsqu’ils sont comparés avec l’interprétation faite par des microbiologistes qualifiés.
L’application mobile Antibiogo développée par La Fondation MSF sera d’abord utilisée dans des laboratoires de MSF au Mali, en République Centrafricaine, en Jordanie et au Yémen, et sera déployée plus largement par la suite. A terme, cet outil est destiné aux professionnels de santé dans l’ensemble des pays à ressources limitées. Après l’obtention de la certification finale en 2023, l’application sera téléchargeable par tous les laboratoires de microbiologie.